Imaginez que vous deviez mettre 500 courriers dans une enveloppe, la fermer et la timbrer. Comment allez-vous vous organiser ? La plupart des gens choisiront spontanément, et même des enfants, de travailler par « lot », par séquences d’opérations identiques :
- plier les courriers et les mettre en piles ;
- mettre les courriers pliés dans des enveloppes et les empiler ;
- Fermer les enveloppes et les empiler :
- Timbrer les enveloppes et les empiler.
J’ai fait un chronométrage global :
- Les 20 enveloppes en flux unitaire sont terminées en 2’37 »
- Les 20 enveloppes en flux par lot demandent 3’12 » pour être terminées.
Vous pourriez objecter que les personnes ne sont pas toutes aussi adroites et rapides. C’est vrai mais cette expérience a été renouvelée de nombreuses fois depuis qu’elle a été relatée par James Womack et Dan Jones dans « lean thinking ». A chaque fois les résultats sont similaires [1. Voir « the power of small batches » et « a response to the video »] et l’écart entre les deux techniques est de l’ordre de 30 secondes.
Le flux unitaire est donc plus efficient que le flux par lot ! De plus, le client peut disposer de la première enveloppe au bout de 13 secondes alors qu’il doit attendre plus de 3′ en flux par lots. A l’échelle d’un processus industriel classique, le seul moyen d’avoir des délais de livraison courts serait de faire du stock. Entre les stocks d’en-cours (les « tas ») et les stocks de produits finis nécessaires, ça fait beaucoup de trésorerie mobilisée.
Par ailleurs le flux unitaire apporte également l’avantage important de repérer rapidement tout défaut de qualité. Au lieu d’attendre qu’un tas passe à l’étape d’après, on voit immédiatement s’il y a un problème et on réagit tout de suite.
Alors, prêt à changer votre avis sur la rentabilité du travail en grande série ?