Dans un article pour Harvard Business Review France, « Pour un meilleur brainstorming », Hal Gregersen, du MIT, propose de générer des idées par la technique de la « rafale de questions » au lieu de la méthode traditionnelle des solutions issues d’un brainstorming.

Pourquoi poser des questions plutôt que chercher des solutions ?

Dépasser nos « biais cognitifs »

Hal Gregersen postule que « brainstormer en cherchant des questions plutôt que des réponses permet plus facilement de dépasser des biais cognitifs et de s’aventurer en terrain inconnu ». Pour en savoir plus sur  ce que sont les biais cognitifs, on pourra consulter cet article Wikipedia et s’attarder sur le « codex des biais cognitifs », un schéma très complet de John Mannogian,  traduit en français »

Codex des biais cognitifs

Voir sous des angles nouveaux

Faire participer d’autres personnes à la conception d’un défi qui nous tient à coeur permet de nous aider à le voir sous des angles nouveaux. Celà permet aussi d’engager d’autres personnes dans un sujet important pour vous.

Eviter la peur du jugement

La méthodologie de la rafale de questions permet de dépasser la peur du jugement qui inhibe souvent l’originalité des solutions proposées lors d’un brainstorming classique. En se focalisant sur des questions, on crée un environnement sécurisant dans lequel chacun peut faire valoir une perspective différente.

La tendance générale est d’éviter de poser des questions par peur des réactions négatives. Tout le monde parait ainsi préférer les réponses, souvent assez superficielles. A l’opposé, la friction créative, qui consiste à se poser des questions difficiles les uns aux autres, semble favoriser des réponses toujours plus fines et réfléchies.

La méthode de la « rafale de questions »

Vous commencez par choisir un sujet qui vous tient à cœur, le défi. Puis vous invitez des participants, trois ou quatre, aussi différents de vous que possible.

Etape 1 : Préparation

Vous exposez le problème, très rapidement. En principe deux minutes suffisent, dans lesquelles on n’expose que ce qui est vraiment important. On se concentre en particulier sur les changements positifs qui se produiraient si le problème était résolu et une explication rapide de ce qui vous bloque.

Vous énoncez les deux règles essentielles (c’est l’organisateur – vous-même – qui recadrera) :

  1. Les participants ne peuvent que poser des questions. Pas de suggestion de solutions ou de réponse aux questions des autres
  2. Pas de préambule ou de justification autour des questions.

Etape 2 Faites fuser les questions

Minuteur : 4 minutes pour générer autant de questions que possibles autour du défi. Plus les questions sont surprenantes et provocantes et mieux c’est.

On vise la quantité, au moins 15 questions en 4 minutes. On les écrit au fur et à mesure, le plus fidèlement possible, sans censurer. On peut ajouter nos propres questions aussi si on le veut.

Remerciez les participants, ils ont terminé !

Etape 3 Identifiez un but et tenez-vous-y

Seul reprendre les questions. Très souvent, cet exercice va générer au moins une question qui recadre différemment le problème et fournit un nouvel angle pour le résoudre. Il s’agit de se demander pourquoi telle ou telle question a de l’importance, quel point de vue différent du vôtre elle éclaire.

On doit également s’engager à poursuivre au moins une des pistes identifiées même s’il s’agit d’une question un peu « folle ».

Les précautions à prendre, recommandations à suivre

Prendre en compte ses émotions

Avant de démarrer l’étape 2 où les questions vont fuser, Hal Gregersen nous invite à analyser nos émotions : en tant que « propriétaire » du défi, nos sentiments concernant le défi sont-ils positifs, neutres ou négatifs ? A faire en 10 secondes en prenant des notes rapides.

Lorsque les 4 minutes sont écoulées, on fait une seconde vérification émotionnelle rapide : comment nous sentons-nous par rapport au défi maintenant ? Le pouvoir de la rafale de question réside aussi dans la façon de modifier la façon dont la personne voit le défi, en faisant disparaître la sensation d’être dans l’impasse.

Eviter de répondre aux questions !

Attention certains ne pourront pas s’empêcher d’apporter des réponses (en particulier la hiérarchie). Cela se comprend car personne n’aime les questions sans réponse. Mais là, on cherche vraiment à avoir des questions, même questions qui nous mettent mal à l’aise.

Accepter l’inconfort !

Il est essentiel d’accepter l’inconfort des questions auxquelles nous n’avons pas de réponse satisfaisante.  Nous devons accepter d’explorer les angles de vue qu’elles offrent. Nous devons considérer que ces questions inconfortables vont nous permettre de nous remettre en cause et de progresser.

Pourquoi cette méthode m’intéresse-t-elle ?

Comme l’auteur, j’ai déjà rencontré des situations où un groupe s’enlisait sans que j’arrive vraiment à le faire décoller. Je pense que l’idée d’essayer d’inverser les moteurs en proposant de poser des questions plutôt qu’émettre des idées peut au mieux aboutir à des questions formidables, au pire sortir le groupe de sa situation d’inhibition, d’enlisement dans les idées banales, sans risque.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

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