L’atelier ou l’usine a toujours fonctionné comme actuellement. Nous ne parvenons pas à changer de façon de faire. Il y a toujours une bonne raison de ne pas faire ce qu’on nous conseille. On demande de temps en temps à des salariés de proposer des idées d’amélioration et tout ce qu’ils trouvent à dire c’est qu’il faut dépenser de l’argent pour telle ou telle chose….
On sent bien que nos clients ne sont pas très contents, que nos concurrents nous piquent des marchés, que la rentabilité est faible. Mais Nous sommes dans une espèce de marais dont on n’arrive pas à sortir les pieds !
Finalement, on se sent bien dans nos habitudes. Pourtant, on n’est pas tous comme ça. Plusieurs d’entre nous se défoncent ailleurs : en sport, dans des associations, en politique… C’est comme si l’entreprise étouffait nos capacités.
Si nous voulons redevenir des gens créatifs et entreprenants, il faut que nous comprenions pourquoi nous n’arrivons pas à générer de nouvelles idées et à les mettre en œuvre.
On a des salariés mais pas d’idées
Nous avons entendu et compris que le monde change autour de nous et qu’il nous faut évoluer avec lui. Pourtant, on a beau le vouloir, nous n’y arrivons pas.
Les salariés sont des gens biens, expérimentés et compétents. Le Directeur est sympathique et il connait très bien son entreprise. On a tous envie de répondre aux demandes de nos clients, de leur fournir des produits moins chers et mieux adaptés. Tout paraît donc réuni pour que notre entreprise réussisse mais c’est comme si nos cerveaux se mettaient en mode veille lorsque nous allons au boulot le matin.
C’est notre environnement de travail qui provoque cet endormissement de nos cerveaux. C’est donc lui qu’il faut changer.
Une culture d’entreprise qui favorise la conformité plutôt que la créativité
- Pour créer de nouveaux produits ou services, il faut de la créativité.
- Pour trouver des solutions à des problèmes, il faut de la créativité
- Pour créer de nouvelles façons de travailler ou de vivre nos vies quotidiennes, il faut aussi de la créativité.
Une entreprise dans laquelle les idées fusent est une entreprise créative, composée d’individus créatifs. On pourrait donc penser qu’il suffit d’embaucher des salariés créatifs pour que tout aille mieux et que les changements indispensables se produisent.
Il n’en est rien. Tout le monde est au moins un peu créatif mais chacun a besoin d’un environnement favorable pour que son cerveau puisse générer des idées nouvelles.
Pensez-vous que vous auriez des idées originales dans une entreprise où :
- Personne ne veut prendre de risques ?
- Les supérieurs hiérarchiques contrôlent tout ce que vous faites ?
- Les informations ne sont pas communiquées ?
- Personne n’a envie d’essayer de nouvelles manières de faire ?
- On est réprimandé si on fait une erreur ?
La réponse est évidemment non !
Et malheureusement, il suffit d’une seule de ces conditions pour étouffer les idées originales.
La cause de l’inertie de notre entreprise réside donc dans un environnement qui n’incite pas à la créativité.
Aider l’émergence de regards neufs !
Pour en finir avec l’enlisement, il faut créer un environnement qui facilite l’émission et l’écoute d’idées originales, ainsi que la mise en œuvre des idées les plus intéressantes. Ce serait par exemple faisable par des actions comme :
- aider tout le monde à voir les problèmes et à en mesurer les enjeux.
- créer des circonstances dans lesquelles des petits groupes cherchent ensemble des solutions.
- favoriser les essais, en valorisant les réussites et en utilisant les échecs pour apprendre comment mieux faire la fois suivante.
Alors, comment créer un terreau favorable aux idées nouvelles ?
Ce qui est important, c’est de commencer à changer. Je vous propose donc six idées à mettre en œuvre pour amorcer la transformation. Il y a pleins d’autres possibilités, plus intéressantes les unes que les autres, mais l’urgence, c’est de démarrer, de vous lancer !
Pour aider la génération d’idées nouvelles :
Idée 1 Mesurer pour prendre conscience :
J’ai déjà eu l’occasion de raconter, dans un article publié sur leandigestion, comment des opérateurs, invités à chronométrer chacune des opérations qu’ils réalisaient, ont immédiatement commencé à proposer des idées pour réduire certains temps de production. Avant de mesurer, ils ne se rendaient pas compte qu’ils pouvaient améliorer.
Idée 2 : Proposer de créer de nouvelles contraintes.
Par exemple, on peut demander à un petit groupe de personnes si elles sont d’accords pour tenter d’améliorer une situation, et les laisser proposer un objectif (exemple réduire le taux de rebut de 5% à 3% sous deux mois). Pour favoriser la créativité, il est nettement préférable que l’objectif soit décidé de manière consensuelle. Le groupe est ensuite invité à suivre l’indicateur et à relever au fur et à mesure tous les rebuts identifiés. Chaque semaine, une brève réunion permet de recueillir des idées d’amélioration. C’est étonnant à quel point ça fonctionne. Les esprits se focalisent sur un sujet qui était ignoré et les idées concrètes fusent.
Pour écouter les idées générées
Idée 3 : Animer des réunions de résolution de problème
Fixer une fréquence de réunions (à durée maximum définie) et réunir 3 à 6 personnes pour parler d’un problème et chercher à le résoudre. C’est une réunion de type QRQC, qui, bien animée, incite chacun à écouter ce que propose l’autre et souvent à rebondir sur une idée pour en proposer une meilleure encore.
Idée 4 : faire voter quelles idées essayer à court terme
Proposer de lister les idées générées sur un sujet puis faire voter ceux qui ont proposé des idées sur « quelles sont les trois propositions que vous voulez essayer dans le mois à venir ? ». L’avantage de vouloir « essayer » et de fixer une échéance courte est que les participants sont prêts à voter pour les idées les plus pratiques à mettre en œuvre immédiatement.
Essayer les idées générées
Idée 5 : Essayez les quatre idées précédentes !
Limitez la durée de l’essai à un mois maximum, avec une réunion hebdomadaire pour faire le point et ajuster les conditions de l’essai.
Idée 6 : demandez d’essayer au moins une idée produite chaque semaine.
L’essai doit être réalisé par au moins une personne qui n’est pas à l’origine de l’idée, en lui expliquant qu’on lui demande d’appliquer « honnêtement » l’idée puis d’en faire l’analyse critique au bout d’un certain temps, variable selon les idées.
Finalement, il s’agit de faire ce que propose Robert BRANCHE : privilégier la création de jardins à l’anglaise, dotés d’un cadre souple et de diversité contrôlée ! ((voir sources et autres liens).
Nous pouvons changer nos environnements de travail. Ça sera difficile, long et parfois frustrant, mais l’enjeu est énorme : nous nous sentirons mieux et notre entreprise sera mieux armée pour le futur. Alors, allons-y !
Et vous, cet article vous inspire-t-il des idées créatives ? Qu’allez- vous commencer à changer dans la culture de votre entreprise ?.
Quelques sources d’inspiration et liens utiles
Un article en anglais de MBA, « 13 façons de tuer la créativité en entreprises » . Cet article expose 13 erreurs courantes. Les comprendre permet de ne plus les faire.
Un autre article en anglais, « qui doit-on blâmer, la culture d’entreprise ou vous ? », dans lequel Darcy Eikenberg s’emporte contre nos tendances à faire porter la responsabilité à d’autres. Elle nous dit « vous êtes la culture » et chacun de nous est partiellement responsable des défauts (et des qualités) de notre culture d’entreprise.
Non aux jardins à la française ! Article excellent de Robert Branche, qui explique comment on ne peut pas faire face à l’incertitude dans un cadre rigide et uniforme. Il nous faut donc des jardins à l’anglaise !
[…] Mon équipe n’a jamais d’idées. Comme faire ? […]