Un témoignage vidéo inspirant : Thierry nous raconte comment son secteur a gagné 50 000 euros qui étaient jetés à la poubelle ! Il a tout simplement utilisé la méthode des « 5 pourquoi » afin d’identifier les causes racines d’un problème très anodin en apparence. En grattant la surface, il a découvert un trésor…
Une poubelle trop lourde
De retour d’une formation sur le management chez Autéo, Thierry va demander à une opératrice de lui dire ce qu’elle rencontre comme problèmes à son poste. Celle-ci parle de sa poubelle, très lourde à déplacer en fin de poste.
Thierry propose immédiatement une solution et s’en va satisfait. Arrivé à son bureau, il se rend compte qu’il n’a pas du tout mis en œuvre ce qu’il venait d’apprendre en formation et décide de retourner voir l’opératrice.
La vidéo ci-dessous contient le témoignage de Thierry (à la septième minute) sur les conséquences de cette décision. Elle vaut des milliers d’euros !
La témoignage de Thierry démarre à la septième minute.
Spontanément : « Y a qu’a, faut qu’on »
Chacun de nous a tendance à proposer des solutions immédiatement. C’est ainsi que Thierry propose de mettre des roulettes sur la poubelle trop lourde.
Mais le « Y a qu’à, faut qu’on » est rarement une bonne méthode. Nous en avons déjà parlé dans l’article « 5 actions pour améliorer durablement une situation« .
Cessons donc de trouver des solutions toutes faites à des problèmes dont nous n’avons même pas exploré méthodiquement les causes ! On trouvera sans doute des trésors…
Les 5 pourquoi ?
Une astuce incroyablement puissante pour trouver des solutions durables et pérennes est le fameux « cinq pourquoi ? » dont parle Thierry dans son témoignage. Et oui, il faut être fou pour ne pas les utiliser lorsqu’on a appris que ça existe… Thierry nous le démontre de manière éclatante.
Questionnement pour résoudre un problème
Les 5 pourquoi permettent d’aller au-delà de la solution évidente, de creuser jusqu’à bien comprendre les causes racines du problème.
Imaginons que nous allions voir un médecin pour lui dire qu’on a très mal au pied et qu’on ne peut plus le poser par terre.
La solution évidente (équivalente aux roulettes sous la poubelle) serait de prescrire des cannes anglaises pour éviter de poser le pied par terre ! Mais le médecin va chercher plus loin et se demander pourquoi nous avons mal au pied afin d’aller au-delà du symptôme et de traiter la cause réelle de notre douleur.
Dans l’entreprise, c’est pareil, on va éviter de traiter le symptôme et s’attaquer aux causes primaires de la situation.
Exemple de problème : « on n’arrive pas à tenir le planning de production et on prend du retard ».
La solution « évidente » paraît être d’augmenter le contrôle des opérateurs car ils prennent trop de pauses !
Le questionnement par les 5 pourquoi va générer d’autres idées :
- Pourquoi (1) n’arrivons-nous pas à tenir le planning ? : certains Ordres de Fabrication (OF) parviennent en production alors que la matière n’est pas arrivée. Par ailleurs, les temps indiqués ne correspondent pas à la réalité.
Le premier pourquoi débouche sur deux réponses distinctes. On va poursuivre le questionnement sur chacune des deux réponses. Par exemple pour la première réponse :
- Pourquoi (2) a-t-on des OF à réaliser alors que la matière n’est pas arrivée ? parfois la matière est là mais on ne la trouve pas
- Pourquoi (3) ne trouve-t-on pas la matière à utiliser ? Il y a plusieurs localisations possibles.
- Pourquoi (4) la matière d’un ordre de fabrication n’est-elle pas à un endroit prédéfini ? Parce-que le manutentionnaire la met là où il y a de la place.
- Pourquoi (5) le manutentionnaire ne la met-il pas avec les autres matières de l’OF ? Il ne sait pas à quel OF ça correspond.
La meilleure solution devient alors d’ajouter le n° d’OF sur le bon de commande de la matière pour que le manutentionnaire puisse la ranger à réception par n° OF. Les opérateurs recevront leur OF et trouveront immédiatement toute la matière nécessaire à leur travail. Ils cesseront de perdre du temps à chercher.
Au lieu de se focaliser sur le contrôle des personnes, on traite une des causes racines du problème. Dans la réalité de l’entreprise d’où est issu l’exemple, cette action permet de gagner bien plus que les quelques minutes de pause en trop chaque jour et contribue à faire de chaque salarié un acteur de l’amélioration. En effet, ce sont les opérateurs qui ont répondu aux 5 pourquoi et généré la solution.
La résolution de problèmes avec méthode prend du temps mais ses bénéfices peuvent être immenses :
- Gains financiers avec moins de gaspillages
- Conditions de travail améliorées, avec moins à porter
- Fierté et motivation des salariés, qui trouvent des solutions
Et vous, pourquoi n’avez-vous pas encore témoigné sur votre propre poubelle en or ?.
Quelques précisions sur le film
Si vous voulez le regarder intégralement, il vous suffit de déplacer le curseur vers la gauche, pour repartir du début.
Tous les témoins sont interviewés lors du débriefing de fin de formation, sauf Thierry. Celui-ci est dans son entreprise, lors d’une journée de formation sur site.
Les témoins ont tous suivi la formation, sauf deux invités (Fabrice, dirigeant – à 3 :35 et Doris, manager lean – à 6 :51). Quant à Eric (8 :51), il est opérateur et témoigne des changements après la formation de son responsable.
Une vraie perle cette vidéo.
Personnellement à chaque fois que j’utilise cet outil des 5 whys, je suis bluffé par les résultats.
Et je me rappelle très bien du jour où j’ai étudié cet outil sur le plan théorique… Je trouvais ça ridicule. Et pourtant, malgré sa simplicité, c’est d’une efficacité redoutable !
Bref, un basique indispensable… Même s’il ne faut pas tomber dans le piège des liens de causalités systématiquement linéaires comme j’en faisais part dans un de mes articles… http://www.excellence-operationnelle.tv/voici-pourquoi-les-causes-racines-ne-sont-pas-toujours-a-privilegier-pour-ameliorer-un-processus.php
Au plaisir de te lire. 😉
[…] Cessons de penser que ce qu’on fait est bien en l’état. Remettre en cause le fonctionnement de manière systématique est un excellent moyen de trouver des pistes inédites de progrès. Voir par exemple La poubelle qui valait de l’or. […]